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Pauline (Maxima)

Le podcast comme créateur de lien social : Pauline nous parle de l'ASBL Comme un lundi

Peux-tu te présenter ? C’est quoi ton activité à Maxima ?
Je m’appelle Pauline, j’habite à Forest, je travaille pour Comme un lundi. C’est un ASBL de création sonore et visuelle qu’on a monté il y a dix ans avec des ami·e·s. On fait majoritairement des projets avec des jeunes et aussi avec des adultes. Il y a deux pans à nos activités : le premier c’est de proposer des ateliers où les gens s’expriment et donnent leur avis sur des questions de société, des sujets qu’ils vivent, à travers différents outils comme le son, la vidéo et la photo. 
Le second, c’est la création sonore ou audiovisuelle de podcasts et de documentaires. On travaille régulièrement en partenariat avec d’autres ASBL de terrain. Nos sujets de prédilections c’est la jeunesse, l’éducation, la transmission et la famille.



Qu’est ce que tu préfères dans ton activité ? 

J’aime notre liberté d’action et qu’on n’ait pas de boss qui déciderait pour tout le monde. On fonctionne en concertation et on se garde la liberté de choisir nos projets et nos
collaborateur·ice·s. 


Ça vient d’où ce nom, Comme un lundi ?

De l’envie de ne pas trop se prendre au sérieux. C’était une idée temporaire, le temps de trouver un nom convenable. Finalement ça nous faisait rire et c’est resté.  

Et on y entend le mot « commun ». Ça veut dire quoi pour toi faire commun ?
Commun c’est un mot qui match très fort avec les valeurs et les missions de l’ASBL. Toutes ces thématiques qu’on aborde sont celles du « vivre ensemble » - je n’aime plus trop cette expression - c’est ce qui nous unit en tout cas. On avance ensemble. La société c’est nous. On la crée entre nous : les liens qu’on tisse, ceux qui s’avèrent être là dans la société au quotidien avec les gens qu’on croise dans la rue, les gens de notre quartier, ceux avec qui on se lie sur internet, nos familles, nos ami·e·s, les gens avec qui on travaille ; tout ça c’est des liens.

C’est quoi votre objectif ?
On essaie justement de faire prendre conscience de ces liens et d’agir dessus. On veut permettre un espace et un temps de parole pour prendre du recul par rapport à ce qui se passe. C’est fascinant de tendre un micro à des jeunes. Les êtres humains ont une capacité énorme, quand on leur laisse le temps et l’espace, à avoir des idées incroyables. C’est possible si on se sort de cette course effrénée à la rentabilité et de ce mode de vie capitaliste. On remet beaucoup en question le système scolaire, parce que c’est là où commence le formatage. Certaines personnes en ont conscience, d’autre pas. On n’a pas cette prétention mais, ce à quoi on aspire finalement, c’est permettre une prise de conscience et par là, rendre les gens réellement acteurs et actrices de leur vie. C’est une première étape ; remettre en question la manière dont on aborde la vie, ses relations avec les autres. Une telle prise de conscience ça demande de l’espace, de l’écoute. On travaille sur la durée, on instaure un climat de confiance pour que les liens se fassent. Chaque projet amène son lot de sensations, de poussées en avant. On a beaucoup de bons retours, des jeunes qui veulent revenir vers nous. On sent que ça répond vraiment à un besoin. 
 

Comment vous avez ajusté vos activités cette année ?


Le covid a eu énormément d’impact sur nos activités. Concrètement, on a dû annuler beaucoup de tournages. Les ateliers avec les jeunes ne peuvent plus avoir lieu. Pour nous ça change tout puisque ce qui nous importe c’est que des jeunes qui n’auraient pas l’occasion de se rencontrer autrement se rencontrent et échangent des idées. C’est un truc dont on est fièr·e·s, après ces ateliers, lorsque les jeunes nous disent « Moi j’aurais jamais parlé à une fille voilée avant » ou « Moi j’aurais jamais rencontré un Jean-François». C’est une manière de combattre les préjugés.

On est très atteint·e·s par le fait qu’on ne puisse pas faire de projets collectifs. Mais on tient bon, on ne fera pas d’atelier en Zoom, ça n’a pas de sens pour nous. On a adapté notre pratique le temps de pouvoir revenir à des temps collectifs. On a fait une version en ligne de notre projet "Parlons jeunes" en réalisant des témoignages sonores individuels, et un projet visuel avec des photos et vidéos du quotidien, pour témoigner du confinement. 
On a aussi proposé l’activité "Bouteille à la mer" ; une correspondance par messages sonores entre jeunes, partout dans le monde francophone. On se disait qu’on manquait de lien dans cette période où l’on est fort renfermé·e sur soi et on avait envie de se demander, comment ça se passe ailleurs dans le monde ? 

  

 

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Tu as été occupante de la Serre puis de Cygnes, et maintenant Maxima. Ça te fait quoi de participer à l’activation de ces lieux ?

J’adore ! Ça a du sens pour moi personnellement et en tant qu’ASBL, d’occuper ce type de lieux qui réinventent des manières d’être. Ici, il y a une accessibilité financière à des bureaux, là où on n’aurait pas pu le faire ailleurs. Il y a une atmosphère de travail vivifiante. Les personnes qui viennent bosser sur leurs projets sont animées d’une même énergie de vouloir changer la société. On est gagnant·e·s à tous les niveaux. On est loin des coworkings comme il en existe, hyper orientés vers des valeurs productivistes de rentabilité financière où je ne me retrouverais pas.
 

C’est quoi ton rêve pour ce lieu ?  

Que cet endroit soit vivant et animé par les gens qui y travaillent mais aussi par les gens du quartier. Ça, ce serait la réussite. Que les espaces d’accueil, la cour, le foyer, soient occupés par les riverain·e·s, que tout le monde se sente le bienvenu.

 

Avec une baguette magique, tu changerais quoi à Bruxelles ?

L’accès au logement. Je ferais en sorte qu’il soit impossible d’être multi-propriétaire au-delà de deux biens. Que ces biens soient évalués, et qu’on ne puisse pas les vendre au delà de ces montants. Et que tout le monde puisse avoir un accès au logement, sans être pieds et poings liés à un crédit.  

T’aurais un bon podcast à nous conseiller ?  

A l’Ouest Podcast ! C’est une collaboration du GSARA et de Comme un lundi. C’est sur des jeunes à Molenbeek dans le quartier de Beekant qui vivent dans les logements sociaux. Dans la première saison, ils parlent de leur vie, de tout, de rien, de la mort, de leur téléphone portable… Dans la deuxième saison, ils partent investiguer la possibilité de maintenir en place le PCS : le programme de cohésion sociale. C’était une salle en bas des logements, occupée par une ASBL et une assistante sociale, une animatrice, qui faisait beaucoup. C’est pas renouvelé, et ils se demandent pourquoi. Alors ils partent à la recherche de l’information, et cherchent à se faire entendre.  

Mars 2021
Photo : Benoît Barbarossa
Pour écouter A l'ouest podcast, c'est par ici

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