FAQ - Questions fréquemment posées
Communa, ça veut dire quoi ?
Le nom fait référence au mouvement des Comuna okupas et aux kibboutz urbains, au concept des commons et plus globalement à la notion de communauté. Tous ont pour point commun de miser sur la mutualisation des ressources et la gestion collective pour proposer d’autres manières de s’organiser et de vivre ensemble.
Et on prononce comment ?
À la base on prononçait [kɔmuna], mais tu peux aussi dire [kɔmyna]. C’est un peu comme tu veux !
Qui occupent les lieux ?
On y trouve des habitats groupés, des initiatives d’insertion par le logement, des porteurs et porteuses de projets sociaux, artistiques, culturels et d’économie sociale… Bref, plein de personnes et projets très différents, souvent complémentaires et qui ont comme point commun d’œuvrer pour l'intérêt collectif ! Vous pouvez en savoir plus en lisant la série de portraits qu'on a réalisé !
Comment ces personnes et projets sont-ils sélectionnés ?
Entre le premier appel à projets lancé en 2017 à la Serre et les derniers lieux en date, le processus de choix des occupant·es a bien évolué. Les seuls éléments qui sont restés constants, c’est la participation du quartier et le critère d’intérêt collectif. Convaincu·es que l’individu est toujours le plus à-même de décider pour lui-même, ces processus sont devenus de plus en plus horizontaux pour progressivement remplacer l’appel à projet par l’appel à communs. Ainsi, aujourd’hui, toutes les personnes qui manifestent de l’intérêt pour investir un lieu sont invitées à s’asseoir ensemble. Lors de discussions sur les espaces disponibles, les besoins du quartier, les synergies possibles… les projets qui ne correspondent pas s’écartent, tandis que les autres embarquent dans le bateau.
Le bottom-up semble ainsi remplacer le top-down
Oui, ce processus apparaît de prime abord comme radicalement démocratique : ce sont les personnes-mêmes qui décident de qui va constituer la communauté d’occupant·es. De même que ce ne sont pas uniquement les personnes en mesure de rédiger un dossier d’appel à projets qui sont invitées à participer. Toutefois, cette approche soulève immédiatement de nouvelles questions : « La loi du plus coopérant remplacera-t-elle la loi du plus fort ? » Le rôle de Communa est alors d’être sensible aux potentielles conséquences involontaires et de réévaluer continuellement le processus. Pour favoriser une participation véritablement équitable, il est indispensable de varier les formats de discussion et d’en assurer la bonne facilitation : tantôt les échanges se font en groupe, tantôt par écrit, tantôt en face-à-face… Une fois de plus, rien n’est jamais parfait : on expérimente et on essaye d’arriver au plus démocratique.
Et comment on le finance ?
Communa fonctionne selon un modèle économique hybride. Par hybride, nous entendons des sources de financement variées, qui évitent une dépendance trop importante par rapport à l’une ou l’autre entrée économique. L’objectif final étant de pérenniser l'associtation et de favoriser au maximum l’autonomie de notre structure vis-à-vis des fluctuations politiques, économiques, ou à une pandémie inédite.
Ainsi, notre financement repose à la fois sur :
- des subventions publiques (communales, régionales) et des donations de fondations d’utilité publique pour couvrir une partie de nos activités ;
- et des recettes propres, générées par nos différentes activités (contributions des occupant·es, missions d’accompagnement, prestation de conférences, entrées de bars …)
Dans tous les cas, Communa est une ASBL qui s’inscrit dans une logique d’économie sociale : ses activités ont pour unique but de financer les activités du projet, tout en gardant en ligne de mire qu’elles doivent s’inscrire dans les besoins sociaux auxquels l'ASBL entend répondre.
Concrètement, comment ça marche ?
D’une part, les coûts structurels de Communa devraient être assurés par des subventions structurelles (à savoir ceux qui ne sont pas liés à un projet particulier, comme les salaires transversaux, le comptable, les frais de communication, la camionnette…) En pratique, nous n’en disposons actuellement pas suffisamment.
D’autre part, les coûts ponctuels devraient être directement couverts par les revenus des projets pour lesquels ils sont engagés. Qu’il s’agisse de l’organisation d’une conférence, de la tenue d’un STUN camp ou d’un lieu de l’écosystème, le modèle économique de ces projets tentera d’être autonome au travers de subsides précisément liés au projet, d’activités organisées au sein même du projet ou des contributions des occupant·es.
Enfin, un pont économique est fait entre ces deux types de dépenses, via ce que nous appelons le « fonds support ». Chaque projet porté par Communa contribue aux coûts structurels de l’ASBL, sans laquelle aucun d’entre eux ne verrait le jour. Cet apport sera calculé selon différents facteurs : le nombre de m2 occupés en ce qui concerne les bâtiments, un pourcentage lorsqu’il s’agit d’un bar …
Qu'est-ce que la contribution monétaire libre et consciente ?
Dans une partie des lieux, les occupant·es participent financièrement au projet via des contributions libres et conscientes, qui servent à couvrir les frais générés par l’occupation. La logique d’un prix libre et conscient permet d’inscrire les occupant·es dans un système solidaire, empêchant que le prix soit un frein à l’accès d’un espace. Le poids financier d’un lieu ne repose donc pas sur l’individu, mais sur la communauté, dont Communa fait partie. Chacun·e contribue à hauteur de ses moyens et, ensemble, la communauté couvre les coûts liés à l’occupation. Les manquements de l’un seront couverts par le budget plus aisé d’une autre, par un subside trouvé pour le lieu ou par l’organisation d’un événement collectif qui génère des revenus …
Quelle est la forme juridique de Communa ?
C’est une ASBL. Il n’y a donc ni profit, ni dividende, ni investisseur. L’association ne poursuit pas d’autre but que celui d’avoir un impact positif sur la ville au travers de l’usage des bâtiments vides.
Quelle différence entre squat et occupation temporaire ?
Communa fait de l’occupation temporaire, c'est à dire qu'on signe une convention d’occupation avant d'investir le lieu, à la différence de la pratique du squat. C’est un outil juridique qui nous permet de temporairement prendre la gestion de bâtiments vides. Dans cette convention sont notamment définis la période d’occupation du site et la durée du préavis. C’est une autre stratégie pour favoriser l’usage des nombreux bâtiments laissés vides aux noms du droit à la ville et du droit au logement.
Il y a un intérêt pour les propriétaires ?
La période d’inoccupation peut représenter des coûts importants : travaux d’entretien nécessaires suite aux dégradations naturelles, sécurisation des accès, assurances, taxes communales et amende régionale sur l’inoccupation. Sans compter le temps de gestion lié au paiement des factures, au suivi administratif et aux potentiels litiges avec le voisinage. Nous permettons donc aux propriétaires publics et privés de réduire leurs coûts et de déléguer ce travail de gestion, tout en soutenant des projets qui servent le bien commun et dont les dynamiques peuvent être transposées dans les usages futurs.
Une occupation temporaire, ça dure combien de temps ?
Ça varie à chaque fois ! Idéalement, pour nous, 3 ans minimum pour que nous puissions préparer et investir le lieu, et développer de belles dynamiques. Parfois c'est moins de temps, parfois beaucoup plus !
L’occupation temporaire ne précarise-t-elle pas les occupant·es des lieux qu'elle gère ?
Comme d’autres ASBL sur le terrain, on s’impose un cadre éthique rigoureux et on milite pour que l’occupation temporaire soit véritablement protectrice des droits des occupant·es et porteuse d’une finalité sociale. Des préavis de départ suffisamment longs, une remise des lieux aux normes SSE, l’inclusion de tous les publics ainsi que le caractère non-lucratif de notre association font partie des éléments qui permettent de garantir l'impact bénéfique de nos pratiques.
Vous êtes une ASBL, mais d’autres structures dans ce secteur ont pour objectif de générer du profit. Quelle est votre position vis-à-vis de ces entreprises ?
Ces dernières années, l’occupation temporaire s’est répandue et on a en effet vu de plus en plus de mètres-carrés vides publics dont la gestion temporaire a été confiée à des sociétés orientées vers le profit. Ces structures dénaturent l’urbanisme transitoire pour le réduire à un marché. Sans autre finalité que la maximisation de leur profit, ces entreprises ont mis en place des pratiques souvent douteuses : exclusion des publics les plus précaires, réduction drastique des droits des occupant·es, durées de préavis extrêmement courtes, inspections fréquentes et intrusives dans les logements … En réponse directe à ces phénomènes et avec d’autres associations engagées pour le droit à la ville et le droit au logement, Communa a lancé la 20ème Commune, une campagne de sensibilisation et un plaidoyer politique visant notamment à contrer ces dérives.
Cette vague d’urbanisme transitoire ne contribue-t-elle pas à la gentrification de différents quartiers ?
Nous avons conscience que des dynamiques perçues comme positives dans un premier temps peuvent, dans certaines situations, déboucher sur des conséquences néfastes sur des temps plus longs, notamment en accélérant les processus d’augmentation des loyers dans les quartiers populaires. S’il est certain que l’occupation temporaire doit s’inscrire dans une optique très locale, il faut également relativiser leur impact sur le phénomène de gentrification. En effet, les questions liées à l’augmentation des loyers ne seront pas résolues uniquement par une pratique positive de l’occupation temporaire. C’est avant tout aux autorités publiques de jouer leur rôle, notamment au niveau de la mise en place de dispositifs de contrôle et de régulation efficaces : maîtrise du foncier, plafonnement des loyers, quotas de logements sociaux, soutien à la vie associative et aux commerces indépendants, financement d’initiatives anti-spéculatives type Community Land Trust, etc.
Il y a des projets Communa sur plusieurs communes bruxelloises, vous voulez occuper tous les bâtiments vides ?!
Le fait de coordonner plusieurs occupations simultanément nous permet de construire un petit écosystème porteur d’alternatives, d'expérimenter et d'accueillir un grand nombre de projets.
Notre volonté n'est pas d'occuper tous les bâtiments vides de Bruxelles. L’idée que tous les espaces vides de la ville soient gérés par un seul acteur nous semble être une très, très mauvaise idée, pour plusieurs raisons : risque de bureaucratisation de la pratique, instrumentalisation de la structure, responsabilité écrasante sur un seul opérateur … C‘est au contraire la diversité des initiatives qui permet de penser de manière critique, d’échanger et d’enrichir la pratique pour faire en sorte que l’urbanisme transitoire participe réellement à la construction de la ville. À condition de conserver une véritable finalité sociale !