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Melissande (Maxima)

Décarbonation et débétonisation : Mélissande s'investit dans la transition énergétique. Elle rêve d'une ville plus verte et plus inclusive.

Peux-tu te présenter ? C’est quoi ton projet ici ?  

Moi c’est Melissande. Ici dans les bureaux, je travaille sur des projets perso et aussi pour l’association Les Shifters. Cette asso s’appuie sur les travaux d’un Think Thank français qui s’appelle Le Shift Project, qui s’intéresse au lien entre énergie et climat, et à la manière de décarboner l’économie (comment se passer du pétrole dans nos économie par exemple). Concrètement, il pousse des amendements en faveur de la transition énergétique auprès des gouvernements, au niveau national français et européen et produit des rapports notamment. Moi je suis dans le pôle événements et communauté de l’association en Belgique. J’intègre les nouvelles personnes motivées, j’essaie de faire collectif et de canaliser les énergies. Je suis aussi sur une mission qui est la décarbonation de Bruxelles. Là on essaie de joindre différentes organisations qui travaillent sur la planification urbaine ou sur la question des déchets, pour voir comment on peut améliorer ça du point de vue énergétique et pour réduire les émissions de carbone. On est une cinquantaine de membres actifs à Bruxelles et environ 2000 à l’international. Une belle bande d’illuminé.e.s !

 

Tu as l’air de bien connaître les lieux Communa ?

Je me suis embarquée dans cette aventure depuis bientôt deux ans. La Serre pour moi c’est le point central de Communa, c’est un lieu historique. En allant là-bas tu sais que tu trouveras toujours la porte ouverte. Il y aura des gens que tu connais ou non avec qui parler, échanger, passer du temps. C’est vraiment un lieu spécial. Je retrouve un peu cette dynamique là ici à Maxima avec ces mêmes questionnements : comment on fait commun, comment on partage nos expériences, comment on se complète ?  

 

Ça veut dire quoi pour toi faire commun ?

Je pense qu’il faut d’abord partager une vision, être d’accord sur les bases, sur les choses qui sont communes à toustes et celles que l’on souhaite partager : comment tu vois la vie, est-ce que tu partages ta lessive, est-ce que tu acceptes de te faire aider. Il y a une question de rythme aussi, il faut accepter que chacun·e a un rythme différent dans sa manière d’être, de travailler, de comprendre les choses, de s’associer à un groupe. Chacun·e vient avec son bagage, son histoire. La diversité ça commence là, quand tu rassembles des gens qui n’ont rien à voir et qui n’ont pas les mêmes expériences. C’est là que tu te remets en question, que tu relativises et que tu peux commencer à t’associer avec d’autres pour faire des trucs qui seront bénéfiques aux deux ou même à plus de gens !


C’est quoi ce que tu préfères dans ton activité ? 
 

C’est qu’il n’y a pas de rôle prédéfini. Si tu veux donner du temps pour telle activité, t’y vas, personne va te juger, te demander un CV ou te dire que t’as pas fait ce qu’il faut. C’est assez horizontal, chacun·e tient un rôle qu’iel assume et que tout le monde comprend, sans que ce soit hiérarchisé. Parfois ces rôles sont intervertis. Ça permet de se remettre en question, dans la bienveillance. Chacun·e avance à son rythme. La transparence et la convivialité c’est les deux piliers de l’asso des Shifters. Tous les ans on passe un après midi chez Cédric qui a construit sa maison tout seul à partir de matériaux de récup. Ca lui a pris deux ans, et maintenant il vit en autonomie énergétique et bientôt alimentaire. Graviter autour de personnes inspirantes comme lui ça donne la pêche !

 

 

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C’est quoi ton regard sur l’occupation à Bruxelles ?



Il y a plein de bâtiments vides, on le sait. C’est complètement con qu’ils ne soient pas occupés s’ils sont là. Pourquoi en construire d’autres - et engendrer du bruit, de la poussière, un état de chantier permanent - si on peut juste réhabiliter ceux qui sont dispo ? Il y a l’urgence de loger les personnes qui n’ont pas de logement, belges ou sans papiers, la question devrait se poser après. Et puis il y a la revendication politique d’investir ces bâtiments vides pour y créer des écosystèmes de quartier. On manque cruellement de places publiques, des lieux où tu peux simplement venir trainer, t’assoir, lire un livre, boire un café, écouter du son avec tes potes, sociabiliser en fait.   Donc je pense que l’occupation des espaces vides est importante, mais celle des espaces publics aussi.

 

Avec une baguette magique, tu changerais quoi à Bruxelles ?  

Je débétonniserais quelques endroits. Le parvis de Saint-Gilles par exemple, avant c’était une chouette place de marché, maintenant c’est tout gris. Si tu consommes pas en terrasse t’as pas le droit d’être là. Comme les lieux de consommation ont fermé, en fait t’as juste plus du tout le droit d’être là. Maintenant ils ont carrément coffré les parties où on pouvait s’abriter devant la banque, à la sortie du métro. La privatisation de l’espace public c’est vraiment un problème. Enlevons un peu de béton, mettons des bancs, des arbres, créons des lieux où les gens peuvent se rencontrer. Les endroits comme La Serre ou Maxima remplissent ce rôle de lieu vivant dans lesquels les personnes et les activités percolent.

Mars 2021
Photo : Benoît Barbarossa

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