On a quelque chose à vous annoncer …

On a quelque chose à vous annoncer. Après près de sept ans d’occupation temporaire (mais peut-on vraiment encore utiliser ce mot à ce stade ?), nous allons définitivement fermer la lourde porte du hangar de la Serre au mois de juillet 2024. On va devoir, pour une dernière fois, répéter ces gestes mécaniques qu’on a faits des milliers de fois et qu’on connaît par cœur : tirer la corde, verrouiller le loquet, éteindre les lumières, et sortir par la petite porte du numéro 171. Quoi que. Pour notre sortie définitive, il nous paraissait inconcevable de sortir par la petite porte. Alors on a décidé de faire les choses en grand, et de les faire bien : un week-end festif, les 22 & 23 juin (note la date dans ton agenda maintenant), pour célébrer, en même temps, le début de l’été et la fin de la serre. (j’ai dit maintenant ! pas à la fin de l’article)

Cette année 2024 sera donc particulière, parce que d’habitude, quand vient le début de l’été, sur la rue Gray, la Serre souffle une bougie de plus. Cette année elle en soufflera une, mais ce sera la dernière. Ce qui nous donne envie de vous raconter comment elle est née.

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La Serre a vu le jour en juin 2017, au sein de ce quartier qui sert de jonction entre la place Flagey et les institutions européennes. Elle est le produit d’une collaboration entre Communa et la Commune d’Ixelles, alors propriétaire du bâtiment, qui souhaite y développer temporairement un projet axé autour de l’alimentation durable et du circulaire, incluant également des logements. Nous signons une convention d’un an.

Des travaux basés sur une énorme énergie bénévole nous permettent de rendre le lieu viable, et de plus en plus agréable. Le bâtiment est pour la première fois ouvert au quartier en juin 2017.

Très vite, des porteur·euses de projets commencent à prendre leurs marques dans le lieu pour ensuite s’y implémenter durablement : ateliers vélo Voot, bazars Singa, distributions de GASAP, projets axés autour de l’alimentation et du réemploi …

Et alors qu’on arrive au terme conventionnel de l’occupation temporaire, on apprend qu’on va pouvoir rester une année de plus. Et ainsi de suite. Les années passent, la Serre s’ancre dans son quartier et devient un lieu où l’on se rencontre, où l’on crée, on l’on partage, où l’on découvre, et surtout, pour de plus en plus de personnes, où on se sent chez soi. La programmation se construit au gré des nombreuses sollicitations et des besoins pour les habitant·es du quartier : repair cafés, projections de documentaires, tables d’hôtes, concerts, spectacles de théâtre, ateliers créatifs, soirées stand up, chorales ou danses folkloriques … le fil rouge est celui de l’inclusivité et de l’accessibilité. C’est dans cet esprit que la Fourchette Solidaire voit le jour en juillet 2021, forte d’un partenariat entre le Centre de Service Social Bruxelles Sud-Est, le collectif Bouche à Oreille et la Serre. Cette cantine de quartier est devenue un incontournable du mardi midi, véritable moment de rencontre et de partage, ouvert à toustes.

Car au-delà de tous les projets qui y voient le jour, La Serre est surtout un endroit où des gens se rencontrent et elle est pleine de souvenirs. Si elle pouvait parler elle aurait beaucoup de choses à raconter : des amitiés s’y sont forgées, des couples s’y sont formés, d’autres s’y sont brisés (je n’ai pas la confirmation de cette information mais statistiquement, c’est possible !).

C’est en 2023 que l’histoire de la Serre va prendre un tournant important. Le bâtiment est vendu par la commune au Community Land Trust de Bruxelles. Une association partenaire de longue date de Communa, qui œuvre pour créer du logement acquisitif abordable sur le long-terme. Via le mécanisme du démembrement entre le sol et la brique, le CLTB permet à des personnes à faibles revenus de devenir propriétaires. De plus, il assure à travers le temps un contrôle sur le prix auquel ces logements sont revendus. Chez Communa, on ne peut que se réjouir qu’un bâtiment qu’on occupe soit racheté par un propriétaire qui sort des biens du marché spéculatif et travaille, comme nous, à rendre la ville plus abordable. Dans la « future Serre », le CLTB va créer 10 logements et un espace collectif destiné aux habitant·es, qui se voudra également ouvert au quartier. Cela constitue un deuxième accomplissement important pour nous : le projet immobilier qui va nous suivre s’inscrit dans la continuité du projet temporaire que nous avons développé au fil des années. Cette logique
d’« urbanisme transitoire « (le temporaire inspire le pérenne) se trouve au cœur des objectifs de Communa, pour l’ensemble des projets que nous portons.

Il reste encore aujourd’hui de nombreuses inconnues et défis pour la phase pérenne de La Serre : comment préserver les dynamiques communautaires pendant la (longue) période où le bâtiment sera en chantier ? Qui prendra en gestion le nouvel espace communautaire ? Comment sera-t-il financé ? Quelles activités y seront développées ? S’il y a bien une volonté d’y perpétuer des thématiques que nous avons promue pendant la phase temporaire, comme l’alimentation, le projet final n’est pas encore ficelé, et nous invitons toute personne qui souhaiterait y prendre part, ou y investir financièrement, à prendre contact avec nous !

En écrivant ces quelques dernières lignes, on a le cœur serré. Et on se sent un peu nostalgique. Si La Serre constitue à ce point un symbole pour nous, c’est parce qu’elle représente le premier projet professionnel de l’ASBL. C’est ici que nous nous sommes pour la première fois essayé·es à la gestion d’un tiers-lieu ouvert au public. La Serre est également un projet qui porte en lui l’ADN de Communa en ce qu’elle constitue un bon exemple de la mixité d’usage que nous tentons d’implémenter dans chacun de nos lieux, en proposant à la fois du logement, des ateliers, des espaces productifs, d’économie sociale et solidaire.

Chez Communa, on a beau travailler sur des projets qui sont par essence temporaires, on a sacrément du mal avec le changement. On sait toutefois qu’après la Serre, certaines choses resteront pour toujours. Comme cette fâcheuse (et mauvaise) habitude qu’on a de faire des jeux de mots avec les noms de nos lieux. Parce qu’écrire des articles sans faire des jeux de mots, à quoi ça sert ?

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RENDEZ-VOUS LES 22 & 23 JUIN
POUR UN WEEK-END FESTIF !