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Collectif Cycl.one (Maxima)

On a discuté avec Irina, Margot, Tifenn et Elfie, quatre designers textile tout juste installées sous un toit de Maxima. Elles nous racontent leurs pratiques et leurs raisons d’être dans le lieu.

cycl.one

C'est quoi Cycl.one ?
Cycl.one c’est un collectif qui rassemble des plasticien·ne·s et des designers autour du textile. On axe notre travail autour de la revalorisation des déchets, des matériaux recyclés et récupérés. On va bientôt ouvrir une souplothèque : une récupérathèque de matériaux souples. Ça peut aller de la corde à la bobine, au tissu, à la moquette, à la mousse… On a aussi une gamme «hors-séries », on crée des objets, vêtements et accessoires entre objet d’art et objet fonctionnel. Ce qui nous tiens à cœur c’est de questionner tant les modes de consommations que les us et coutumes. Aussi, on va bientôt proposer une déguisothèque, qui pourrait devenir une chouette ressource pour des projets de théâtre, cinéma, clip vidéo ou même des évènements ponctuels.

L’autre axe assez important de notre travail c’est la transmission de savoirs faire. On organise des workshops pour enfants et adultes. On a la volonté de montrer ce qu’est le textile, lever le mystère autour de ces pratiques. On travaille la maille, le tissage, la corde … il y a énormément de techniques qui existent. L’idée c’est aussi de proposer un centre de documentation avec une expertise textile sur les techniques, les matières qu’on propose, notre expérience sur les chantiers. Ça se passe dans l’échange et le dialogue.

C’est aussi une volonté de se mettre ensemble et de montrer les possibilités. C’est beaucoup plus facile de travailler à plusieurs en s’entraidant. Ce sont des techniques qui peuvent être laborieuses et dans une temporalité longue. Là où c’est intéressant c’est qu’on a des spécialisations, des technicités, des personnalités et des démarches différentes et complémentaires. Sur un même chantier on peut travailler ensemble et être là les un·e·s pour les autres, en tant que mains et têtes pensantes.


Qu'est ce que vous préférez dans votre activité ?

Irina : Toucher ! Toucher plein de matériaux, tester des élasticités, conférer de nouvelles propriétés à des matériaux. Transformer l’état, l’aspect, la texture …

Tifenn : Pour moi c’est faire lien, l’idée de la transmission. Voir comment le textile peut être vecteur de transmission culturelle et générationnelle. Comment ça peut être un espace social aussi. C’est pas pour rien qu’on parle de « tissu urbain », de « la trame d’une histoire ».
Margot : pendant les workshops on rencontre de nouvelles personnes. Faire quelque chose de manuel ensemble c’est communiquer par le textile, au-delà d’une simple communication orale ou écrite. J’en ressors toujours touchée.


Elfie : le toucher et la transmission, les deux se rejoignent finalement.


Ça vous fait quoi de participer à l'activation de ce lieu ?

Au-delà de répondre à un besoin fondamental, celui d’avoir un espace de travail, c’est une super opportunité d’avoir accès à un lieu comme ça, surtout pendant cette période trouble. Ça faisait longtemps qu’on cherchait un atelier. Sans atelier on n’était pas très bien mais sans savoir pourquoi. C’est fou à quel point c’est compliqué quand t’es designer ou artiste et que tu n’as pas de lieu pour créer. C’est un nouveau chantier dans lequel on va réellement pouvoir fonder notre activité. 

On a filé un coup de main pour construire les murs au pôle artisan, ça nous apprend aussi à faire d’autre chose, comme de la maçonnerie, on était hyper contentes. Ça nous permet aussi de participer à la construction d’un lieu, acquérir de nouvelles compétences, rencontrer des personnes. C’est chouette de participer autour, et pas se contenter d’occuper son espace.

 

 


L’occupation temporaire, c’est un mode de fonctionnement assez cohérent avec notre positionnement dans le textile. Dans le sens où on travaille le détournement, le déchet et tout un tas de problématiques sociétales. Le fait qu’il y ait tous ces bâtiments vides qui demandent de l’activation, de la vie, une ouverture sur le quartier, ça fait sens avec nos valeurs. On n’est pas dans un atelier lambda, où on aurait gagné un concours pour une résidence. C’est un lieu qui n’est pas seulement artistique, il s’y passe plein d’autres choses. L’idée de remettre de la vie dans un endroit qui était abandonné c’est assez beau. Et puis c’est cool de découvrir le quartier, il y a de super boulangeries dans le coin !

Ce serait quoi votre rêve pour ce lieu ?
Que ça dure et que tout se passe bien, voire de pouvoir poursuivre l’occupation sur du plus long terme. Qu’on arrive à créer un réseau et qu’il perdure une fois l’occupation temporaire terminée.

C'est quoi votre matière ou texture préférée ?
Irina : j’ai une grande passion pour le velours. Sinon les poils, le corps, la peau.
Tifenn: le tartan, c’est un tissage de laine avec un motif croisé.
Elfie : tout ce qui est minéral, je travaille sur la souplesse des pierres.
Margot : le bambou et le roseau, j’en ai une sacrée collection !

 

Avec une baguette magique, vous changeriez quoi à Bruxelles ?

Plus de vélo et de pistes cyclables, moins de violence avec les voitures, plus de respect du code de la route ! Plus de liberté dans l’espace public. Plus de soleil aussi ! Plus de lieux abandonnés qui reprennent vie. Il y a une belle résistance socio-culturelle qui est en train de se mettre en place dans le quartier Saint-Antoine, avec une vraie synergie locale. Il faut ça dans plus de communes bruxelloises. Résistance !
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Mars 2021
Photos : Benoît Barbarossa
Pour suivre les activités de Cycl.one, c’est par ici

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